Goncourt 2025
Découvrez la sélection du prix Goncourt des Lycéens 2025.
Toute la sélection :
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Un amour infini
de Ghislaine Dunant
Albin Michel, 2025, 170 p.
Elle est descendue en retard, elle voulait encore fumer une cigarette, fumer seule, une fois de plus. Pour sentir le temps qui passe, ne plus savoir qui elle est, ni ce qu'on peut vouloir d'elle. Ce roman installe le lecteur au cur d'une rencontre de trois jours sur l'île de Ténérife, en juin 1964, prévue mais bouleversée par un événement tragique, entre un astrophysicien d'origine hongroise qui a dû fuir l'Europe et s'exiler aux États-Unis et une mère de famille française. Alors que rien ne devrait les rapprocher, leurs conversations sur leurs passés distincts et l'exploration de l'île vont les ouvrir profondément l'un à l'autre. Le ciel, l'univers, l'histoire de la Terre... Les sujets de l'astrophysicien rejoignent la sensibilité de celle qui a observé le mystère de la toute petite enfance et a toujours eu une approche sensitive des êtres. Leur désir réciproque va s'accompagner de la puissance des éléments qui les entourent.
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Passagères de nuit
de Yanick Lahens
Sabine Wespieser, 2025, 224 p.
Toujours avancer sans se retourner, c est ce que murmurent à Yanick Lahens les femmes de sa propre lignée dans ce puissant roman des origines, comme arraché à son quotidien à Port-au-Prince. Née en 1818 à La Nouvelle-Orléans, Élizabeth n a pas reculé quand, victime de deux tentatives de viol, elle a freiné les élans prédateurs d un ami de son père. Sa grand-mère, ancienne esclave arrivée d Haïti au début du siècle dans le sillage du maître qui l avait affranchie, lui a donné un exemple de résistance silencieuse : devenue une commerçante prospère, elle n a plus jamais accepté de se soumettre au désir d un homme. Confiante dans la force qu elle a tôt transmise à sa petite-fille en l invitant dans la ronde mystérieuse des divinités vaudou, elle n hésite pas à couvrir sa fuite : Élizabeth embarque pour Port-au-Prince, où nous la retrouverons bien des années plus tard, aux commandes de sa vie, mère d un homme qui traverse la ville en libérateur. En cette année 1867, rien ne destinait Régina, née pauvre parmi les pauvres, à rencontrer le général Léonard Corvaseau. C est pourtant à son côté que va se poursuivre sa trajectoire d émancipation. Avec ce portrait en miroir de deux femmes, ses lointaines grands-mères, qui reconnaissent chacune en l autre « une semblable, une sSur échappée à la rudesse des conventions », la grande romancière haïtienne nous offre un magnifique hommage à toutes les Passagères de nuit (à commencer par celles des bateaux négriers), ces vaincues de l histoire dont la ténacité et la connivence secrète opposent à la violence du monde une lumineuse vaillance.
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Le nom des rois
de Charif Majdalani
Stock, 2025, 216 p
"Et d'un seul coup, le monde qui servait de décor à tout cela s'écroula. J'en avais été un témoin distrait, mais le bruit qu'il provoqua en s'effondrant me fit lever la tête et ce que je vis alors n'était plus qu'un univers de violence et de mort. C'est de celui-là que je suis devenu contemporain. J'avais été, durant des années, dispensé d'intérêt pour ce qui se passait
"Et d'un seul coup, le monde qui servait de décor à tout cela s'écroula. J'en avais été un témoin distrait, mais le bruit qu'il provoqua en s'effondrant me fit lever la tête et ce que je vis alors n'était plus qu'un univers de violence et de mort. C'est de celui-là que je suis devenu contemporain. J'avais été, durant des années, dispensé d'intérêt pour ce qui se passait autour de moi par ma passion des atlas, par les royautés anciennes et inutiles et par les terres lointaines et isolées, les berceaux de vieux empires oubliés.
Désormais, l'histoire se faisait sous mes yeux et je la trouvais moche, roturière et vulgaire". Dans ce récit de passage à l'âge adulte porté par une écriture ample et élégante, Charif Majdalani raconte la disparition d'un pays et explore ce qui subsiste de l'enfance lorsqu'elle capitule devant les fracas du monde.
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L'adieu au visage
de David Deneufgermain
Éditions Marchialy, 2025, 262 p. (Marchialy)
Mars 2020. La France se confine. Dans tous les hôpitaux du pays, il fautprendre des décisions et agir vite. En première ligne, un psychiatre partageson temps entre son équipe mobile qui maraude dans une ville fantôme à larecherche de marginaux à protéger, et les unités Covid où les malades meurent seuls, privés de tout rite. Entre obéissance à la loi et refus de l horreur, que ce soit à l hôpital ou dehors, chacun à son niveau cherche des solutions et improvise. L Adieu au visage est l écriture d une résistance fragile et d une lutte pour prendre soin de l autre qu il soit vivant ou mort.
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La collision
de Paul Gasnier
Gallimard, 2025, 160 p.
En 2012, en plein centre-ville de Lyon, une femme décède brutalement, percutée par un jeune garçon en moto cross qui fait du rodéo urbain à 80 km/h. Dix ans plus tard, son fils, qui n a cessé d être hanté par le drame, est devenu journaliste. Il observe la façon dont ce genre de catastrophe est utilisé quotidiennement pour fracturer la société et dresser une partie de l opinion contre l autre. Il décide de se replonger dans la complexité de cet accident, et de se lancer sur les traces du motard pour comprendre d où il vient, quel a été son parcours et comment un tel événement a été rendu possible. En décortiquant ce drame familial, Paul Gasnier révèle deux destins qui s écrivent en parallèle, dans la même ville, et qui s ignorent jusqu au jour où ils entrent violemment en collision. C est aussi l histoire de deux familles qui racontent chacune l évolution du pays. Un récit en forme d enquête littéraire qui explore la force de nos convictions quand le réel les met à mal, et les manquements collectifs qui créent l irrémédiable.
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La nuit au cur
de Nathacha Appanah
Gallimard, 2025, 282 p (Blanche)
"De ces nuits et de ces vies, de ces femmes qui courent, de ces curs qui luttent, de ces instants qui sont si accablants qu'ils ne rentrent pas dans la mesure du temps, il a fallu faire quelque chose. Il y a l'impossibilité de la vérité entière à chaque page mais la quête désespérée d'une justesse au plus près de la vie, de la nuit, du cur, du corps, de l'esprit. De ces trois femmes, il a fallu commencer par la première, celle qui vient d'avoir vingt-cinq ans quand elle court et qui est la seule à être encore en vie aujourd'hui. Cette femme, c'est moi. " La nuit au cur entrelace trois histoires de femmes victimes de la violence de leur compagnon. Sur le fil entre force et humilité, Nathacha Appanah scrute l'énigme insupportable du féminicide conjugal, quand la nuit noire prend la place de l'amour.
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La maison vide
de Laurent Mauvignier
2025, 744 p
En 1976, mon père a rouvert la maison qu'il avait reçue de sa mère, restée fermée pendant vingt ans. A l'intérieur : un piano, une commode au marbre ébréché, une Légion d'honneur, des photographies sur lesquelles un visage a été découpé aux ciseaux. Une maison peuplée de récits, où se croisent deux guerres mondiales, la vie rurale de la première moitié du vingtième siècle, mais aussi Marguerite, ma grand-mère, sa mère Marie-Ernestine, la mère de celle-ci, et tous les hommes qui ont gravité autour d'elles.
Toutes et tous ont marqué la maison et ont été progressivement effacés. J'ai tenté de les ramener à la lumière pour comprendre ce qui a pu être leur histoire, et son ombre portée sur la nôtre.
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Le Crépuscule des hommes
de Alfred de Montesquiou
Robert Laffont, 2025, 384 p (Pavillons Poche)
Nuremberg, 1945 : un procès fait l'Histoire, eux la vivent. Un roman vrai, qui saisit les sursauts de l'Histoire en marche.
Chacun connaît les images du procès de Nuremberg, où Göring et vingt autres nazis sont jugés à partir de novembre 1945. Mais que se passe-t-il hors de la salle d'audience ?
Ils sont là : Joseph Kessel, Elsa Triolet, Martha Gellhorn ou encore John Dos Passos, venus assister à ces dix mois où doit oeuvrer la justice. Des dortoirs de l'étrange château Faber-Castell, qui loge la presse internationale, aux box des accusés, tous partagent la frénésie des reportages, les frictions entre alliés occidentaux et soviétiques, l'effroi que suscite le récit inédit des déportés.
Avec autant de précision historique que de tension romanesque, Alfred de Montesquiou ressuscite des hommes et des femmes de l'ombre, témoins du procès le plus retentissant du XXe siècle.
Un roman vrai, qui saisit les sursauts de l'Histoire en marche.
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Un frère
de David Thomas
Editions de l'Olivier, 2025, 140 p
"Pendant presque quarante ans, il aura été là sans plus vraiment être là. Lui, mais plus lui. Un autre". David Thomas raconte le combat de son frère contre cette tyrannie intérieure qu'est la schizophrénie. Sa dureté, sa noirceur, ses ravages. Depuis la mort brutale d'Edouard jusqu'aux années heureuses, il remonte à la source du lien qu'il a eu avec son aîné et grâce auquel il s'est construit. Lors de ce cheminement, il s'interroge : comment écrire cette histoire sans trahir, sans enjoliver ? Ecrire pour rejoindre Edouard.
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Tambora
de Hélène Laurain
Verdier, 2025, 186 p. (Chaoïd)
Une mère nous parle de ses deux filles, qu elle voit amples comme des villes en expansion. La première est déjà là quand le récit commence, la seconde naîtra bientôt, après la perte d un autre enfant lors d une fausse couche. Ici, la temporalité de la maternité domine : celle de grossesses compliquées, d hôpitaux et de services des urgences, la temporalité d un corps qui produit, parfois sans qu on le veuille, la temporalité de la naissance, celle des soins, ou des désirs trop souvent empêchés. Mais d autres réalités existent aussi, se faufilent et tentent de prendre leur place : un manuscrit qui intéresse un éditeur, des confinements, qui ne changent pas grand-chose lorsqu on doit rester alitée, la catastrophe environnementale qui se déploie, gigantesque, et fait songer à la fin du monde que l humanité a cru vivre en 1815 quand l éruption du volcan Tambora plongea une partie de la Terre dans le froid et l obscurité. Hélène Laurain écrit avec cela, et écrit tout cela, avec crudité parfois. Son livre conjugue récit, réflexions et poésie, et nous emmène à la rencontre d un monde incertain.
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Le bel obscur
de Caroline Lamarche
Seuil, 2025, 229 p.
Alors qu'elle tente d'élucider le destin d'un ancêtre banni par sa famille, une femme reprend l'histoire de sa propre vie. Des années auparavant, son mari, son premier et grand amour, lui a révélé être homosexuel. Du bouleversement que ce fut dans leur existence comme des péripéties de leur émancipation respective, rien n'est tu. Ce roman lumineux nous offre une leçon de courage, de tolérance, de curiosité aussi. Car jamais cette femme libre n'aura cessé de se réinventer, d'affirmer la puissance de ses rêves contre les conventions sociales, avec une fantaisie et une délicatesse infinies.
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Kolkhoze
de Emmanuel Carrère
POL, 2025, 548 p
Cette nuit-là, rassemblés tous les trois autour de notre mère, nous avons pour la dernière fois fait kolkhoze. Entre la France et le Caucase, quatre générations de Carrère réunies dans une superbe fresque familiale. Forcément singulière, pourtant universelle.
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Perpétuité
de Guillaume Poix
Verticales, 2025, 331 p.
18h45. Une maison d'arrêt du sud de la France. Pierre, Houda, Laurent, Maëva et d'autres surveillants prennent leur service de nuit. Captifs d'une routine qui menace à chaque instant de déraper, ces agents de la pénitentiaire vont traverser ensemble une série d'incidents plus éprouvants qu'à l'ordinaire. En regardant celles et ceux qui regardent, Guillaume Poix plonge dans le quotidien d'un métier méconnu, sinon méprisé, et interroge le sens d'une institution au bord du gouffre.
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Tressaillir
de Maria Pourchet
Stock, 2025, 336 p (La bleue)
« Jai coupé un lien avec quelque chose daussi étouffant que vital et je ne suis désormais plus branchée sur rien. Ni amour, ni foi, ni médecine. »
Une femme est partie. Elle a quitté la maison, défait sa vie. Elle pensait découvrir une liberté neuve mais elle éprouve, prostrée dans une chambre dhôtel, lélémentaire supplice de larrachement. Et si rompre nétait pas à sa portée ? Si la seule issue au chagrin, cétait revenir ? Car sans un homme à ses côtés, cette femme a peur. Depuis toujours sur le quivive, elle a peur.
Mais au fond, de quoi ?
Dans ce texte du retour aux origines et du retour de la joie, Maria Pourchet entreprend une archéologie de ces terreurs denfant qui hantent les adultes. Elle nous transporte au cur des forêts du Grand Est sur les traces de drames intimes et collectifs.













